COLLOQUE
Biodiversité sur son 31 - matinée
« Les nouvelles ne sont pas bonnes ! Il nous faut agir pour maîtriser le réchauffement climatique pour un développement harmonieux de nos civilisations ! »
Jean Jouzel, climatologue, ancien vice-président du GIEC, était le grand témoin de la journée. Sous la forme d’un entretien avec Bruno Canredon, animateur du colloque, il a retracé son parcours de chercheur, en particulier ses nombreux travaux d’études sur les glaces de l’Antarctique, faisant avancer la connaissance sur l’évolution du climat de ces 400 000 dernières années ! La courbe de Vostok, du nom du forage le plus profond jamais réalisé dans les glaces, publiée en 1999 et reprise dès 2001 dans les manuels scolaires demeure une référence. Expliquant que la période chaude actuelle dure depuis environ 10 000 ans, Jean Jouzel a bien insisté sur un point : c’est la révolution industrielle qui est à l’origine de la modification de la composition de l’atmosphère, et par conséquent de l’accélération du réchauffement climatique. « Dans le premier rapport du GIEC en 1990, tout était dit… et était très clair sur la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Dommage que le message des scientifiques n’aient pas été pris plus au sérieux dans les années 80-90 ».
« Je ne suis pas pessimiste, je plaide pour l’action ! »
Aujourd’hui, le changement climatique devient perceptible, comme en témoignent les 5 dernières années qui ont été les plus chaudes depuis 150 ans. Ces dérèglements climatiques sont actuellement la 3ème cause de perte de biodiversité, après les activités humaines et la prédation directe de certaines espèces. « Si on ne fait rien pour lutter contre le réchauffement climatique, celui-ci deviendra la première cause à la fin de ce siècle : pour la moitié des espèces, on estime, ajoute Jean Jouzel, qu’elles auront une capacité de déplacement inférieure à la vitesse de déplacement des zones climatiques, ce qui conduira à leur disparition, faute de pouvoir s’adapter à ces nouvelles conditions climatiques. La seule façon pour que la perte de biodiversité ne soit pas exacerbée par le réchauffement climatique, c’est de le stabiliser le plus rapidement possible. Or, la trajectoire fixée par l’accord de Paris en 2015, c’est + 3°C à la fin de ce siècle. C’est beaucoup trop, il faut remonter l’ambition de l’accord de Paris, ce sera l’objectif des prochaines COP, notamment celle de Madrid prévue dans quelques semaines.
Si on parvient à limiter le réchauffement climatique à + 2°C ou à + 1,5°C, on arrivera à s’y adapter, mais pour cela, il faut changer notre mode de développement… ». Des innovations technologiques mais également sociétales doivent se développer en ce sens, pour éviter un accroissement des inégalités dans le monde.
Quid de la biodiversité toulousaine en 2050 ?
Présente tout au long de la matinée, une classe de 3ème du collège Romain Rolland de Saint-Jean n’a pas manqué d’interroger Jean Jouzel, en particulier sur les conséquences du réchauffement climatique sur la biodiversité toulousaine en 2050. Soulignant un recul attendu des précipitations sur tout le pourtour méditerranéen, ce dernier a fortement insisté sur les faibles débits des fleuves et des rivières pendant la saison d’été, ce qui aura un fort impact sur les différents usages de l’eau dans notre région. Des solutions pourront être trouvées, « si chacun y met de la bonne volonté, en regardant les besoins de l’autre… ».
Au gré des questions posées par le public, Jean Jouzel a évoqué la question des réfugiés climatiques, l’évolution du modèle agricole vers l’agroécologie et l’avenir de notre alimentation, le stockage du CO2, la gestion durable des terres, le risque d’un monde qui se fracture (plutôt que de parler d’un effondrement de civilisation), son implication dans la convention citoyenne actuellement en cours…
Réécouter ci-dessous l’intégralité de l’entretien de Jean Jouzel, ainsi que les échanges avec le public :
1 - Entretien avec Jean JOUZEL
2 - Echanges entre Jean JOUZEL et le public
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La Compagnie Les Sinocs était là pour un intermède récréatif, en interaction directe avec le public et en totale impro… : à partir de 4 mots sortis de l’imaginaire du public, une intervention réussie, totalement décalée, sur un sujet très sérieux !
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France Nature Environnement et Nature en Occitanie ont accepté l’invitation à ce colloque pour évoquer les dégâts aujourd’hui constatés sur la biodiversité et les menaces persistantes que fait peser l’espèce humaine sur les richesses naturelles présentes dans nos territoires.
« Aménager sans détruire la biodiversité »
Pascale Mahé, directrice de Nature en Occitanie, a proposé aux participants un voyage dans ce qui constituent des écrins de biodiversité dans notre département : une forte présence de vieilles forêts qui agissent comme de précieux puits de carbone et constituent des refuges inestimables pour la diversité des espèces et des habitats, une Garonne et des rivières qui permettent toujours la reproduction et le développement de nombreuses espèces (comme le saumon atlantique), des zones humides qui rendent de nombreux services à la société et qui souffrent dans un contexte agricole et périurbain… Le public a même pu accéder en images au « paradis », un contexte agricole de bocage situé dans le piémont pyrénéen, composé de prairies et de haies.
Pour conserver tout ce riche patrimoine en état, il s’agit aujourd’hui d’inverser le regard, insiste-t-elle : « Avant tout aménagement, il faut que les porteurs de projets étudient au préalable les richesses en termes de biodiversité de leurs territoires pour ensuite adapter les aménagements à la biodiversité, et non comme on le fait encore trop souvent aujourd’hui, prévoir un aménagement puis voir après comment on peut composer avec la biodiversité…
Dans la doctrine ERC (Eviter-Réduire-Compenser), c’est le E qu’il faut bien mettre en avant dans les projets d’aménagement ! »
« La biodiversité, c’est notre assurance-vie ! »
Face à cette érosion de biodiversité qui ne laisse pas indemne les sociétés humaines, Jean Olivier, directeur de France Nature Environnement, est venu compléter le panorama, en dressant la liste des aménagements à proscrire pour réparer la biodiversité. Attention à l’urbanisme sans prise en compte de la trame verte et bleue, attention aux déboisements et aux conditions de débardage, attention aux drainages et curages de fossés mal pensés, attention aux obstacles dans les cours d’eau qui empêchent la migration de certaines espèces, attention aux intrants et aux produits phytosanitaires dans les pratiques agricoles… A l’inverse, il faut recréer de la connectivité entre les espaces naturels et préserver partout sur les territoires les continuités écologiques. Car, insiste-t-il, « la biodiversité, c’est en quelque sorte notre assurance vie ! En particulier dans un contexte de changement climatique, c’est aussi et parce qu’il y a encore de la biodiversité autour de nous que l’on peut se nourrir, s’habiller, se soigner, vivre et être bien dans notre environnement… ». Jean Olivier est revenu ensuite sur l’action de la fédération pour lutter contre la pollution lumineuse, avec ses conséquences sur la santé et sur la biodiversité. Dans une démarche tout à fait inédite, « des ambassadeurs de la nuit » traquent les entreprises et les commerces qui ne respectent pas la réglementation. « Moins connue que la trame verte et bleue, la trame sombre est très importante pour la biodiversité car la pollution lumineuse coupe la route à beaucoup d’espèces et consomme beaucoup d’énergies. L’objectif de la démarche engagée par FNE doit permettre de revoir des verts luisants, mais aussi plus de papillons, de chauves-souris, d’oiseaux nocturnes… »
Pascale Mahé et Jean Olivier ont répondu ensuite aux questions du public : la fonction pollinisatrice des insectes, la dégradation des milieux naturels et ses conséquences sur l’installation d’espèces envahissantes, l’intérêt pour les citoyens de s’intéresser aux documents d’urbanisme pour influer sur les choix d’aménagement des communes, la pollution de l’air (celle que l’on voit le moins et qui explique pour beaucoup la perte de biodiversité)…
Réécouter l’intégralité des interventions de Pascale Mahé et Jean Olivier en suivant le lien :
Pascale MAHE et Jean OLIVIER - Priorités et perspectives pour demain
Télécharger la présentation de Nature en Occitanie et de France Nature Environnement :
– la présentation de France Nature Environnement et de Nature en Occitanie :
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> partie 3
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