La force du collectif pour un département durable

COLLOQUE
Biodiversité sur son 31 - après-midi

En ouverture de l’après-midi, Jean-Michel Fabre, a insisté sur la nécessité de travailler tous ensemble dans « cette bataille pour la protection de la biodiversité » : « Notre vision de l’action du Département, c’est qu’il ne peut y avoir d’action efficace sans cette implication des associations, des citoyens et des collectivités ! »

> Conjuguons la nature au futur !

Les collectivités sont fortement mobilisées dans la recherche de solutions concrètes pour enrayer le déclin de la biodiversité. Pour en témoigner, deux collectivités territoriales / deux échelles différentes, ont pu faire partager leurs initiatives ; deux collectivités qui ont remporté le prix de « Capitale française de la biodiversité ».

Pascal Marchelidon, maire de Saint-Privat-de Vallongue, a présenté sa commune de 230 habitants située dans le département de la Lozère. La transition écologique n’est pas réservée qu’aux grandes villes, comme en témoignent les nombreuses actions engagées par la commune : nouvelles pratiques phytosanitaires et horticoles, nouvelles techniques de déneigement, agropastoralisme, dépollution lumineuse, site d’observation des rapaces, programme Gypconnect en faveur des gypaètes barbus, espace naturel sensible, atlas de la biodiversité communale, mise en place d’une fête de la nature, interventions de bénévoles dans les écoles pour sensibiliser les jeunes générations, jardin pédagogique, sentier d’interprétation…
+ d’infos sur les actions engagées par Saint-Privat de Vallongue en termes de biodiversité
Télécharger la présentation des actions de la commune de St-Privat-de Vallongue

Arnaud Houël, directeur du Pôle Transition, aménagement et développement, a présenté les actions engagées depuis plusieurs décennies par la ville de Grande-Synthe, 25 000 habitants, située dans la première couronne de Dunkerque. Dans un contexte fortement industrialisé, la commune a réussi à végétaliser ses espaces publics, en particulier par la création de jardins partagés en bas d’immeubles. Grande-Synthe est souvent citée comme un exemple à suivre en matière de développement durable.
+ d’infos sur les actions engagées par Grande-Synthe en faveur de la biodiversité
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> partie 1
> partie 2

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La Compagnie les Sinocs est revenue sur scène pour son deuxième intermède récréatif, sur le thème : souvenez-vous de l’entrée d’une énorme libellule phosphorescente dans le Pavillon République ! 4 personnages reviennent sur cet évènement ayant fortement perturbé le colloque… Un organisateur déboussolé, un animateur sûr de lui qui gère…, une mamie fan de Jean Jouzel prête à en découdre pour protéger son idôle, un chasseur de profession entré avec son fusil sous le veston, ou comment un colloque convivial aurait pu rapidement se transformer en cauchemar si une experte venue de Tchernobyl n’était intervenue pour maîtriser l’animal !!
« Je suis déjà le héros de deux bandes dessinées et d’une pièce de théâtre, je ne pensais pas être au centre des deux intermèdes récréatifs proposés ce jour par les Sinocs », a rétorqué Jean Jouzel, l’œil amusé.

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Dans sa dernière intervention, Jean Jouzel a tenu à affirmer son optimisme, en rappelant le travail en cours de la convention citoyenne pour le climat (150 citoyens de toute la France tirés au sort) qui se réunit régulièrement pour élaborer des propositions concrètes « pour que la France respecte l’objectif de réduction de 40% au moins des gaz à effet de serre à l’horizon 2030 ». Directement impliqué dans le comité de gouvernance, en tant que membre du Conseil économique, social et environnemental, Jean Jouzel a salué l’enthousiasme des citoyens pour défendre la cause climatique.

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La dernière partie de l’après-midi était consacrée à une table ronde mettant en lumière des actions de proximité conduites par des acteurs locaux, aux profils diversifiés : une entreprise privée, un laboratoire public, une association et une agricultrice.

> Des Coréens intéressés par le jardin potager suspendu de la Clinique Pasteur

Olivier Collet, responsable technique et logistique à la Clinique Pasteur de Toulouse, est venu présenter le projet de jardin potager installé depuis plusieurs années sur les toits de l’établissement de santé : 500 m² de jardinières cultivées pour alimenter le service de restauration interne et ses 1300 repas quotidiens. Des équipes motivées ont permis de développer le projet qui accueille aujoud’hui des jardiniers, des écoles, avec une diététicienne qui explique aux enfants la valeur nutritionnelle des légumes moches… ». Monté avec l’appui de la start up Macadam Gardens installée à Seysses, le jardin situé sur les terrasses du 6ème étage est 100% bio et malgré un environnement très urbain, les résultats d’analyses sont très bons, avec par exemple une absence totale de traces de métaux lourds. Au départ, il s’agissait d’être cohérent et de donner du sens à notre service de restauration, confie Olivier Collet. Mais l’expérience a amené du lien social que l’on avait pas estimé au départ ». Jusqu’à ce mail venu de Corée qui souhaitait avoir des explications sur la réalisation du projet !

> Les effets du plastique sur la biodiversité des milieux aquatiques

Julien Cucherousset, chercheur à l’université Paul-Sabatier et au CNRS de Toulouse, a présenté le projet Plasti-Gar, un projet scientifique pluridisciplinaire destiné à mesurer et suivre la pollution plastique dans la Garonne et son impact sur la biodiversité. Partant du constat que 80% du plastique que l’on retrouve en mer provient de l’eau douce, une sélection de 14 sites d’études a été effectuée le long du bassin versant de la Garonne et de ses affluents (de la frontière espagnole jusqu’à Agen) et deux types d’échantillonages ont été réalisés. Dans l’eau d’abord, 2500 particules de plastiques ont été récupérées par filtrage et sont en cours d’analyse chimique pour déterminer le type de polymères (PET, PVC, polyéthylène…), ce qui permettra d’en déduire l’origine (plastique alimentaire, d’emballage…). Comme attendu, « des particules ont été observées en plus grand nombre en aval de Toulouse », complète Julien Cucherousset. Ensuite, des invertébrés et une vingtaine d’espèces de poissons ont été prélevés pour étudier le contenu de leur tube digestif et les premiers résultats indiquent la présence de micro-plastiques dans leur organisme. Cette ingestion de plastique interroge quant à ses conséquences sur la santé de ces espèces, sur la chaîne alimentaire mais également, sur une propriété moins connue du bout de plastique dans l’eau, à savoir sa capacité à agir comme un aimant à polluants (métaux lourds, bactéries…), entraînant de fortes nuisances sur la biodiversité des milieux aquatiques.

> Planter un arbre, c’est un moment d’émotion et d’échanges

L’association Les Fous du Bois était représentée par son directeur, Bruno Heck, qui a détaillé le projet de réserve de biodiversité porté par l’association. Née suite à la plantation réussie de 250 arbres à l’école du Fousseret, l’association a fait l’acquisition d’un terrain de 13 hectares à Polastron, avec l’appui du Rotary, dans l’objectif d’y faire planter par les écoles 10 000 arbres d’essence locale. 900 arbres ont à ce jour été plantés et la zone doit être classée dans les prochains mois dans la catégorie des Espaces naturels sensibles par le Cd31. Un plan de gestion en découlera et l’étape ultime sera d’aller vers la création d’une réserve de biosphère, ce qui nécessitera l’extension de la zone et une bonne dose de travail administratif.

> L’agroécologie au service de la biodiversité !

Anne Bruel, agricultrice à Latrape, dans le sud du département de la Haute-Garonne, est venue clôturer la table ronde, rappelant à tous les participants de cette journée, que de nouvelles pratiques agricoles sont à l’œuvre pour préserver la biodiversité. Laure Isabeth, conseillère agro-environnement au Cd31, l’accompagnait à la tribune. A la tête d’une exploitation de 90 hectares convertis en agriculture biologique depuis 2017, Anne Bruel a livré un très joli témoignage du métier d’agriculteur en polyculture-élevage, sans cacher les conditions parfois rudes de son exercice. En 35 ans, le nombre des éleveurs a été divisé par deux dans la commune mais ceux qui restent se tournent de plus en plus vers l’élevage biologique. Un petit marché bio a même vu le jour dans la commune. « Agriculteur ou paysan, c’est un métier qui demande beaucoup de compétences mais c’est le plus beau métier du monde, un métier utile qui permet de se nourrir, on est notre propre patron et notre vie est rythmée par les saisons, on vit dehors et quand il fait beau c’est très agréable ; les animaux sont nos amis et ne nous font jamais de reproches… ». Un art de vivre à l’écoute de la biodiversité !

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Combattif et résolument optimiste quant aux possibilités de chacun à agir, Pascal Boureau, président du syndicat mixte Haute-Garonne Environnement, a clôturé la journée d’échanges en saluant la qualité des interventions, ainsi que la bonne participation du public, tout cela dans une ambiance très conviviale.

En guise de remerciements, un pot de miel du château de Laréole, propriété du Conseil départemental, a été remis à chaque participant.


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